Il était une fois un vieux couple heureux
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Il était une fois un vieux couple heureux
Mohammed Khaïr-Eddine
Il est né en 1941 à Tafraout, petite ville située au sud d'Agadir, à 180 km environ. Il s'installe en 1961 à Agadir, une année après le séisme qui le marquera. Jeune écrivain, il féquente le cercle des Amitiés littéraires et artistiques de Casablanca.
Il arrive en France en 1965, et devient, pour subsister, ouvrier. En 1967, son roman « Agadir » est salué par le prix « Enfants Terribles », qu'avait fondé Jean Cocteau. Il retourne au Maroc en 1979 et meurt à Rabat le 18 novembre 1995, jour de la fête de l'Indépendance du Maroc.
Quand Mohammed Khaïr-Eddine se souvient de sa scolarité...
«Disons que j'ai commencé à écrire en classe de 5ème secondaire (...). Je publiais dans la Vigie marocaine, il y avait même des professeurs qui m'encourageaient mais la famille était contre (...). J'étais plutôt fort en sciences et en français, nul en arabe, sauf en poésie. J'ai même écrit des tragédies que mon père a vendues à des marchands de cacahuètes qui en ont fait des cornets... »
Le livre
Sur un rythme tranquille, c'est l'histoire d'un vieux couple, qui termine son chemin, dans un compagnonnage serein, quelque part dans le sud marocain. Chaque jour est ponctué de l'immuable. Que ce soit la prière ou le tagine. Le vieux, Bouchaïb, est poète, alors il écrit la vie d'un Saint inconnu, il l'écrit dans sa langue ancienne, dans la langue des touaregs, que ceux du nord, qui reviennent en nouveaux riches, ne connaissent déjà plus.
C'est aussi l'histoire du progrès, de ce que nous appelons « le progrès », qui, peu à peu, change les habitudes, les rapports humains, modifie les valeurs.
Alors, le vieux et la vieille dissertent, le soir, autour d'un thé fumant, et pèsent à la mesure de leur grande humanité, à l'ombre de leur longue existence, ces bouleversements qui condamneront le monde qu'ils ont connu, inévitablement.
Lire ce roman a été une rencontre avec l'apaisement que l'on doit sans doute ressentir au soir d'une vie bien remplie, et remplie justement. C'est comme la chanson d'un ruisseau que l'on écoute, les yeux fermés, couché dans l'herbe, dans un beau soir d'été.
L'extrait
Ils étaient une fois de plus sur la terrasse. L'été tirait presque à sa fin. Les moissons avaient été bonnes, la récolte des olives et des amandes aussi. Comme toujours, la vieille préparait son tagine pendant que le Vieux fumait et sirotait du thé. Et, comme toujours en été, l'espace était splendide. Des milliards d'étoiles illuminaient le firmament. De temps à autre, une météorite fendait l'atmosphère en un trait rouge qui s'évanouissait rapidement. « Dieu est en train de lapider le Diable... », disaient les Anciens à la vue des ces phénomènes cosmiques. Bouchaïb ne croyait pas à cela. Il connaissait bien l'astronomie. Il avait lu tant et tant de livres qu'il eût écrit lui-même si le sort ne s'en était mêlé... Mais il ne regrettait rien. Ses poésies berbères qu'on lirait peut-être un jour étaient son unique plaisir. Mais qui s'occupait de la poésie berbère ?
Il est né en 1941 à Tafraout, petite ville située au sud d'Agadir, à 180 km environ. Il s'installe en 1961 à Agadir, une année après le séisme qui le marquera. Jeune écrivain, il féquente le cercle des Amitiés littéraires et artistiques de Casablanca.
Il arrive en France en 1965, et devient, pour subsister, ouvrier. En 1967, son roman « Agadir » est salué par le prix « Enfants Terribles », qu'avait fondé Jean Cocteau. Il retourne au Maroc en 1979 et meurt à Rabat le 18 novembre 1995, jour de la fête de l'Indépendance du Maroc.
Quand Mohammed Khaïr-Eddine se souvient de sa scolarité...
«Disons que j'ai commencé à écrire en classe de 5ème secondaire (...). Je publiais dans la Vigie marocaine, il y avait même des professeurs qui m'encourageaient mais la famille était contre (...). J'étais plutôt fort en sciences et en français, nul en arabe, sauf en poésie. J'ai même écrit des tragédies que mon père a vendues à des marchands de cacahuètes qui en ont fait des cornets... »
Le livre
Sur un rythme tranquille, c'est l'histoire d'un vieux couple, qui termine son chemin, dans un compagnonnage serein, quelque part dans le sud marocain. Chaque jour est ponctué de l'immuable. Que ce soit la prière ou le tagine. Le vieux, Bouchaïb, est poète, alors il écrit la vie d'un Saint inconnu, il l'écrit dans sa langue ancienne, dans la langue des touaregs, que ceux du nord, qui reviennent en nouveaux riches, ne connaissent déjà plus.
C'est aussi l'histoire du progrès, de ce que nous appelons « le progrès », qui, peu à peu, change les habitudes, les rapports humains, modifie les valeurs.
Alors, le vieux et la vieille dissertent, le soir, autour d'un thé fumant, et pèsent à la mesure de leur grande humanité, à l'ombre de leur longue existence, ces bouleversements qui condamneront le monde qu'ils ont connu, inévitablement.
Lire ce roman a été une rencontre avec l'apaisement que l'on doit sans doute ressentir au soir d'une vie bien remplie, et remplie justement. C'est comme la chanson d'un ruisseau que l'on écoute, les yeux fermés, couché dans l'herbe, dans un beau soir d'été.
L'extrait
Ils étaient une fois de plus sur la terrasse. L'été tirait presque à sa fin. Les moissons avaient été bonnes, la récolte des olives et des amandes aussi. Comme toujours, la vieille préparait son tagine pendant que le Vieux fumait et sirotait du thé. Et, comme toujours en été, l'espace était splendide. Des milliards d'étoiles illuminaient le firmament. De temps à autre, une météorite fendait l'atmosphère en un trait rouge qui s'évanouissait rapidement. « Dieu est en train de lapider le Diable... », disaient les Anciens à la vue des ces phénomènes cosmiques. Bouchaïb ne croyait pas à cela. Il connaissait bien l'astronomie. Il avait lu tant et tant de livres qu'il eût écrit lui-même si le sort ne s'en était mêlé... Mais il ne regrettait rien. Ses poésies berbères qu'on lirait peut-être un jour étaient son unique plaisir. Mais qui s'occupait de la poésie berbère ?
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